J'aime regarder les autres être heureux. C'est plus facile que de l'être soi-même. Et puis, en même temps, je me rend compte de ce que je n'ai pas, ce que je n'ai jamais eu finalement.
Ma vie à moi, à dix-huit ans, se résume à toutes ces conversations enregistrées dans mon ordinateur. Quand je sors ce n'est généralement pas en groupe, et ce n'est généralement pas le soir.
Ma musique je l'écoute dans ma chambre. Quand je danse c'est devant mon miroir.
Mes histoires d'amour je les vis dans mon lit, quand je dors.
Je vis par procuration.
Et je ne m'en plains pas. Seulement quand je vois ces photos, sur Facebook. De toutes celles que je connais, et que j'aime à dire qu'elles sont mes amies. Et je vois ces photos, de groupe, où elles sourient, toutes, ensembles. Qu'elles sourient sans réfléchir. Non parce que justement elles sont bien là où elles sont.
Finalement je n'ai pas tant de choses que ça à raconter. Finalement quand je parle, je ne fais que ça. Je ne prends pas de photos avec mes copines, je ne fais pas de grimaces dans les photomaton. Je ne passe pas des heures au téléphone tous les soirs. Je ne danse pas, je ne crie pas avec elles dans la rue, juste parce qu'on est jeunes et connes. Non, je reste là. Je fais comme les gens de ma famille, j'attends que l'on voit que ça ne va pas. J'attends qu'on veuille un peu me faire sourire. Enfin un peu. Pour une fois.
Mais non parce qu'aujourd'hui, il fait tous recommencer. Il ne suffit plus d'attendre que quelqu'un décroche le téléphone pour me parler.


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